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Jonwayne : de l’introspection dans le rap-jeu

By Thomas P. · On 5 juin 2017

Sans aucun doute l’un des meilleurs MC de cette décennie, Jonwayne revient nous prouver que, pour lui, « these words are everything ». Portrait.

À une époque où le hip hop US est indiscutablement plus bling bling qu’il ne l’a jamais été, Jonwayne fait figure d’ovni. Paire de birkenstock, cheveux longs et barbe mal taillée, plus genre Hellfest que thug à grillz aux BET Awards, il fait parler de lui depuis ses débuts chez Stones Throw Records en 2011, jusqu’à ce début d’année et la sortie de son deuxième album : le très attendu Rap Album Two.

Né à La Habra, petite ville middle class de Californie du Sud, c’est après le lycée qu’il se trouve un interêt pour la poésie, qui, au fur et à mesure des rencontres, l’amènera vers le rap. A la fin des années 2000, il fréquente régulièrement LowEndTheory, un club hip hop de Los Angeles autour duquel gravitent DJs, producteurs et rappeurs issus de la nouvelle scène hip hop alternatif californienne (Flying Lotus, Gaslamp Killer etc.). Wayne s’y produit autant que possible jusqu’au jour où le patron légendaire du label californien Stones Throw Records Chris Manak aka Peanut Butter Wolf finisse par le repérer, impressionné par sa voix, ses paroles et sa prestance. Déjà familier de ses talents de beatmaker, c’est en le voyant micro en main que Wolf a le déclic. De cette rencontre découle une relation amicale et professionnelle qui amène JW à sortir une première compilation de ses beats, Oodles of Doodles, puis une série de trois mixtapes sous format cassette chez STR. En posant sur ses propres instrus et sur d’autres connotées plus boom bap empruntées à de « grands » comme DJ Premier, J Dilla et Madlib, Jonwayne parfait son flow et diversifie son catalogue. Après avoir développé un style bien à lui fait d’un mélange d’introspection, d’absurdité et de sarcasme, il sort son premier LP en 2013. Sur Rap Album One, il pose sur un son minimal et épuré, se reposant la plupart du temps sur une ligne de piano et des drums étouffées, tout en alternant passages autobiographiques et punchlines réfléchies où se mêlent des rimes internes parfois très denses.

Grâce au tampon Stones Throw qui augmente son exposition à un public un peu plus large, Jonwayne a dès lors l’opportunité de se produire sur des scènes du monde entier. Mais comme pour bien d’autres artistes, c’est malheureusement cette notoriété grandissante qui l’entrainera vers une descente aux enfers quelques tournées plus tard. Rongé par l’alcool, son seul remède face à l’anxiété et sa phobie de prendre l’avion, il vit des mois de dépression et d’excès jusqu’à échapper à la mort de près un soir de mai 2014. Il raconte cet épisode dans une lettre ouverte publiée sur Facebook, d’une honnêteté désemparante. S’en suit le choix difficile d’annuler le reste de sa tournée, il s’éloigne du monde de la musique, coupe les ponts avec Stones Throw et soigne son alcoolisme.

Il faudra ensuite alors attendre février 2017 pour le voir revenir avec Rap Album Two qu’il sort chez Authors, label qu’il a créé suite à sa séparation avec Stones Throw. Dans un échange de mail organisé après qu’il ait annulé notre interview prévue le soir de son concert à Paris, il nous parle longuement de son processus de création et d’enregistrement, et montre une nouvelle fois combien il est à des années lumière des business codes qui régissent le rap jeu. Crédité en tant qu’ingénieur/producteur/rappeur, Jonwayne fait absolument tout, tout seul. A l’exception des deux featurings que comporte l’album, aux côtés de deux rappeurs (Zeroh et Danny Watts) et d’une chanteuse (Low Leaf) inconnus, qui montre là encore la volonté qu’est la sienne de se démarquer et d’assumer seul le succès ou l’échec de son projet, sans céder aux pressions de l’industrie.

Obsédé par le travail de production, il nous détaille aussi le processus de prise de son de sa voix : il enregistre chaque titre du début à la fin, et non en reprenant là où il se serait arrêté lors de la prise précédente, comme le fait le monde entier de la musique. Ultra chronophage et forcément plus coûteuse, cette méthode n’est que rarement utilisée par les artistes. Pas étonnant alors que Wayne ait passé deux années à l’écriture de cet album, engendrant beaucoup de brouillons et de textes inachevés. Une méthode qui l’a néanmoins aidé à renforcer son style unique, qu’il décrit au passage comme mimétique à la vie : “parfois sérieux et parfois comique, tantôt significatif, tantôt dénué de sens.”

Il nous parle entre autres du morceau The Single, qui ne dure qu’une minute et trente secondes et n’est rien d’autre que Wayne essayant de rapper les premières lignes d’un couplet stéréotypé rap vantard qui va à l’encontre directe de tout ce qu’il a pu accomplir jusqu’à présent; c’est à dire un rap autobiographique, profond et imagé. Au sujet de sa place au sein d’un album, Wayne nous explique que « c’est l’occasion pour l’auditeur de passer de l’autre côté du miroir, et ainsi pouvoir se faire une idée de ce qu’un artiste déterminé à donner le maximum de lui même est prêt à faire”. C’est aussi une sorte de pique à l’industrie du disque qui continue de forcer les artistes à sortir un single ayant vocation à attirer un public large, quitte à sacrifier la cohérence du projet : “Le morceau me rappelle aussi dans quel état d’esprit j’étais au moment de l’enregistrement (…) je n’aurais pas pu me forcer à enregistrer ce genre de morceau, même en essayant…”.

Sur le reste de Rap Album Two, on sent que Jonwayne pèse beaucoup plus ses mots, certainement le résultat des évènements sombres des années qui l’ont précédé. De loin le plus réfléchi et le plus abouti de ses projets, il délaisse le côté compétitif de ses lyrics afin d’adopter une position plus introspective tout en examinant à la loupe son propre statut d’artiste, responsable à la fois du succès et de la reconnaissance qu’on lui accorde tout en étant la source de ses vices. Une atmosphère morose règne sur ses morceaux, les instrus sont froides, les accords mineurs et les drums lentes mais percutantes.

Ovni, il l’est aussi en live. Ses performances sont autant à l’opposé de la norme établie par ce genre musical que son look. Il débarque sur scène pieds nus, un T-shirt Champion sur le dos en tirant un gros fauteuil en cuir sur lequel il s’avachira plusieurs fois pendant le concert. Il y crée une atmosphère intime. Seul sur scène, il gère son set aux commandes de son sampleur. Et c’est d’une manière très hétérodoxe qu’il entrecoupe sa performance par la lecture de poèmes introspectifs et existentiels, se livrant à un public pas toujours très réceptif.

Mais pas sûr que cela lui importe, même s’il admet que les lives sont plus pour lui une manière très personnelle de renforcer les rapports qu’il entretient avec son public. Entre deux morceaux, il nous fera remarquer qu’il n’a pas de hype man (comprendre un autre rappeur étant sur scène pour le soutenir durant ses moments de faiblesse, de perte de souffle ou d’oublis de paroles), et qu’il ne force pas son public à montrer son enthousiasme, et tout ça parce qu’il est “fucking dope”. Petit interlude qui fait nous fait sourire, et qui fait écho à la performance de l’artiste en première partie, qui, bien que totalement inconnu, essayait d’obliger son audience à participer, sous peine de créer de longs moments de malaise.

Monomanique et perfectionniste, Wayne n’est pas le genre d’artiste à compromettre son intégrité afin de céder aux chantages de l’industrie du disque, le destinant certainement à continuer d’évoluer dans le milieu underground et on espère continuer d’influencer d’autres artistes après lui.

© Authors Recording Company

hip hopjonwayneRapstones throw records
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Thomas P.

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